Festival des solutions écologiques : Initiatives
Parmi les quelque 200 initiatives sélectionnées par la région pour bénéficier d’un financement, présentation de cinq idées citoyennes en faveur de l’environnement.
Mener des actions écologiques pour mieux vivre dans le respect de l’environnement : c’est l’objectif de ce nouveau festival des solutions écologiques organisé par la région Bourgogne-Franche-Comté. Environ 300 projets ont été présentés à un jury composé d’élus, de France Active Franche-Comté, de l’Agence régionale de la biodiversité et de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, et le 17 juin, 207 d’entre eux ont été sélectionnés et recevront des subventions.
Les idées retenues ne manquent pas de sophistication : construire des cabanes pour l’observation des oiseaux, améliorer une source, installer des dispositifs permettant aux chauves-souris de nicher dans les granges, socialiser dans les villages en permettant aux habitants de cultiver leur potager, créer des mares – indispensables à la biodiversité – autour des exploitations agricoles. … Exemples.
Rénovation d’une grange pour protéger les chauves-souris
On n’imagine pas forcément avoir des chauves-souris chez soi… Et pourtant, ces bestioles sont indispensables. “C’est une aide à l’agriculture. Ils mangent des moustiques, des insectes parasites. Plus de chauves-souris signifie moins de pesticides, il y a tout un biotope faunique sur une ferme qui contribue au progrès agricole., explique la secrétaire de l’association pour la protection de Dumplun (1), Caroline Guény-Mentré. L’initiative vise à installer des dispositifs dans les anciennes granges pour inciter les chiroptères (animaux protégés) à nicher en toute quiétude. Trois grandes granges, en mauvais état, ont été restaurées par des couvreurs et des menuisiers. « Nous favorisons cette biodiversité. Nous faisons partie de la société du Muséum d’Histoire Naturelle d’Autun, observatoire de la petite faune de Bourgogne. Nous travaillons avec un spécialiste sur ce sujet.” complète Caroline Guény-Mentré. Plus précisément, ce sont des ouvertures dans le toit en pente, cinq de chaque côté comme des fentes pour boîtes aux lettres. Seules les chauves-souris sont admises : les hiboux, leurs ennemis jurés, sont interdits d’entrée. Le budget de l’opération est estimé à 5 000 euros, la région Bourgogne apportant la moitié de la somme. Un architecte du monument a fait les ouvertures.
En Haute-Saône, promotion de la production maraîchère
Jocelyn Chenevier est le maire de Sauvigney-lès-Gray dans le département de la Haute-Saône. En discutant avec Cécile Thabourey, sa première assistante, il a l’idée de proposer aux habitants un service pour faciliter la culture des légumes. « Produire les germes de graines, rationaliser leur comportement par rapport à la nature. Tout le monde a un jardin, peu ont une serre. explique le maire. Une serre en verre coûte cher. Le conseil municipal sèmera les fleurs du village. L’ouverture aura lieu le 1er octobre. « Nous sommes un village d’une centaine d’habitants, ouvert aux gens du quartier. Ce projet a un côté social. Le lavoir servait à rassembler les habitants. Désormais, nous avons tous une machine à laver et nous ne nous battrons plus. Il a fallu se reconnecter. »
Le projet, une serre en verre de qualité professionnelle, d’une trentaine de mètres carrés, avec toutes les options (par exemple un bassin de rétention d’eau) sera mis à la disposition des villageois. Les utilisateurs peuvent venir faire pousser leurs plants qu’ils repiquent ensuite. “C’est un petit saut dans le vide”, reconnaît le maire. Il n’y a pas d’exemple similaire dans le département. Les gens nous expliquent qu’ils disent “nous viendrons”, alors nous verrons. Et Jocelyn Chenevier de poursuivre : « Il n’y a plus de boulangeries ni de commerces dans le village. Il ne reste rien. La ville est composée de vieilles familles, mais depuis une quinzaine d’années les plus jeunes viennent acheter une maison et avoir des enfants. C’est l’occasion de rompre avec les certitudes sur la campagne, la campagne et les citadins. C’est un échange entre individus, un nouveau service public, quelque chose qui s’invente.
Une brasserie à énergie solaire
Romain Zamboni est ingénieur en mécanique. Et il aime la bière… Il décide alors d’ouvrir une microbrasserie solaire à Dampierre-les-Bois, une commune proche de Montbéliard (Doubs). « On récupère la chaleur comme un four ou une bouilloire et c’est techniquement accessible. La bière est un produit de passion pour moi. Nous avons commencé avec mon frère. Je veux démocratiser cette industrie. C’est un projet phare qui rassemble les gens.
La technologie ? « Nous devons faire bouillir le moût qui devient de la bière. On va donc utiliser des panneaux solaires puis stocker l’eau chaude dans un cumulus. Pour la partie cuisson nous utilisons un concentrateur qui capte les rayons du soleil [comme une loupe avec un rayon de soleil, ndlr]. Le brassage a lieu un ou deux jours par semaine. Au final, l’activité s’adapte bien à l’énergie solaire. « L’objectif est de prouver qu’on peut aussi utiliser l’énergie solaire en dehors des régions du sud. En Normandie, par exemple, un boulanger cuit son pain grâce à l’énergie solaire. » « La plupart du temps, le projet est plutôt bien accueilli. Ce sont des technologies méconnues, il y a un aspect pédagogique essentiel », conclut Romain Zamboni, qui espère démarrer l’activité à la fin de l’automne.
Renouveler les bassins
Ils sont naturalistes et passent leur temps à creuser des mares dans le département de l’Ain. Vincent Dams est chef de projet et animateur nature, Willie Guillet est membre de Jura Nature Environnement. Ils ont parlé à des agriculteurs pour restaurer deux ou trois étangs et mettre en place tout un réseau. Vous en avez environ 70, de toutes tailles et dans tous les milieux, sans perdre de terres agricoles. “A la campagne, le premier défi des étangs était d’abreuver le bétail ou de fournir une réserve de feu.explique Vincent Dams. Au siècle dernier, ils étaient indispensables. Aujourd’hui, ils sont partis à cause des moustiques. Des amphibiens et des libellules les accompagnaient. Les paysans sont tombés amoureux de ce projet et nous ont permis de les restaurer. C’est un héritage qui doit être perpétué pour permettre la conservation des zones humides. De cette façon, l’eau peut être retenue et renvoyée dans les aquifères afin que les prairies restent vertes. Il y a un côté émotionnel qui est important. Il faut toucher les gens.
Dans ce dossier se trouvent le monde agricole, le monde de la chasse et les défenseurs de la conservation – qui sait “Beaucoup de différences” admet Vincent Dams – peut frapper. « C’est un exemple fort de ce qui peut être fait au niveau local. Nous sommes tous héritiers d’un héritage, à nous de le faire perdurer.
Pleins feux sur les fleurs locales
Elle a fondé Calice & cie et son projet s’appelle “Slow Flower”. Camille Barnier est une fleuriste soucieuse de l’environnement basée à Beaune (Côte-d’Or). Son idée : Promouvoir les fleurs locales et sensibiliser les citoyens aux pratiques respectueuses de l’environnement. “Slow Flower, c’est comme Slow Food… Les gens ne connaissent pas la saisonnalité des fleurs. Neuf sur dix viennent de l’étranger… Alors chaque semaine on leur offre un bouquet avec les fleurs du moment.
Camille n’avait que “très bon retour” son initiative. “Une fois que nous avons expliqué la démarche autour des fleurs françaises produites localement, c’est facile Elle dit. C’est aussi un gage de fraîcheur et de qualité. Et nous sommes dans un concept qui est dans l’air du temps”, poursuit la jeune femme, qui n’a pas de boutique, s’occupe des abonnements ou des commandes et entend vendre ses bouquets sur les marchés ou les livrer à vélo. « Le réflexe commence à être pris pour les fruits et légumes. Faites de même pour les fleurs. On ne montre pas leurs origines, alors que les roses viennent du bout du monde, ont voyagé en avion, sont fabriquées avec des produits chimiques interdits en Europe et regorgent de conservateurs pour les faire durer plus longtemps après la coupe. Dernier volet : Mise en place d’ateliers dans les classes de Beaune pour sensibiliser les enfants.