Quelle est votre réaction au marquage CE ?
J’ai encore du mal à y croire car c’est quand même quinze ans de ma vie. Nous nous sommes battus toutes ces années pour obtenir ce label. Le chemin a été long car nous avons tout inventé, de l’idée au procédé industriel en passant par les outils, jusqu’à la reproduction de ces vers marins et les tests cliniques. Au final ça s’est terminé très vite. Bien sûr, il y a eu des hauts et des bas. Il a fallu de la patience, de la persévérance et de la persévérance. Maintenant, il faut garder le cap. Je suis toujours sur un nuage neuf. J’essaie de chérir ce moment car je sais que ça va recommencer très vite demain. Je pense surtout aux patients qui peuvent enfin bénéficier de ce traitement.
Nous avons trouvé une sorte de mine dans cette molécule de ver marin qui contenait un trésor. Maintenant, nous pouvons exploiter cette mine.
Concrètement, que va changer cette note pour Hemarina ?
Absolument tout. Il s’agit d’une reconnaissance réglementaire de ce produit HEMO2life® qui est une solution de préservation de greffon pré-transplantation. Mais cela valide aussi la technologie, la plate-forme M-101. Aujourd’hui, nous avons démontré que nous sommes capables de fournir de l’oxygène aux cellules, tissus et greffes humains. Même lorsque nous avons fait des greffes de tissus composites, des bras entiers, des visages. Demain on pourra très vite commencer à utiliser cette molécule comme substitut à la transfusion de globules rouges pour des applications comme l’ischémie, l’infarctus du myocarde, la drépanocytose, l’accident vasculaire cérébral…
C’est le premier transporteur d’oxygène approuvé au monde. Le premier dispositif médical de classe 3 à être homologué selon la nouvelle réglementation en Europe. Et on a aussi d’autres utilisations pour les personnes atteintes de diabète (pansements), de maladies parodontales… En résumé, dans cette molécule de ver marin on a trouvé une sorte de mine qui renfermait un trésor. Maintenant, nous pouvons exploiter cette mine.

Tu as souvent dit qu’Hemarina pouvait devenir une licorne. Ça signifie?
Une licorne est une entreprise qui vaut plus d’un milliard d’euros. C’est le cas chez nous. Et je ne dis pas ça, ce sont les gens qui ont travaillé sur notre dossier. Cependant, ce n’était jamais une fin. Ma force motrice a toujours été de sauver autant de vies que possible. J’ai toujours dit que si nous travaillons dur et montrons quelque chose, un jour nous récolterons ce que nous semons.
Votre projet de construction d’une usine pharmaceutique à Morlaix est donc plus que jamais d’actualité ?
Sécurisé?. Nous avons déposé un dossier France Relance il y a quelque temps. Il n’a pas réussi la première analyse, mais j’espère qu’elle se développera. Et très rapide. Parce que nous avons désormais le droit de commercialiser nos produits dans tous les pays européens et tous ceux qui connaissent le marquage CE. Il faut donc produire, produire et produire encore pour approvisionner les hôpitaux qui en ont besoin. Petit à petit, en concertation avec la communauté de Morlaix qui nous a toujours soutenus, nous avons colonisé un incubateur qui est devenu notre siège social. Comme la région Bretagne, qui aide la recherche fondamentale de manière extrêmement progressive. Maintenant, nous voulons y construire une zone tertiaire, une zone de contrôle qualité et une zone de production.
Je veux rendre au territoire ce qu’il m’a donné.
Quelle sera la taille de l’investissement?
L’investissement pour cette usine 4.0, connectée à un système informatique qui garde une trace de tout, sera d’environ 20 millions d’euros. A terme, il y aura 130 emplois à Morlaix, terre à laquelle je m’accroche comme une bernache. Quand quelqu’un vous aide sur votre chemin et vous tend la main, j’ai tendance à vouloir rendre la pareille. Les élus de Morlais m’ont toujours fait confiance, Yvon Hervé, ancien président de la commune de Morlaix, le premier. Je veux rendre au territoire ce qu’il m’a donné. Vous devez savoir qu’une plante inscrite dans un dossier de médicaments n’est pas déplacée de la sorte. Même si Hemarina devait un jour changer de main, l’usine resterait sur le sol morlais.

Ils ont déjà été présents à Morlaix, Noirmoutier et Boston. Ils seront bientôt à Montréal et à New Delhi. L’entreprise semble se développer à vue d’œil.
Nous avons une ferme aquacole à Noirmoutier. Boston est intéressé parce qu’il y a quatre ou cinq ans, nous avons travaillé avec la marine américaine pour développer un produit de traumatologie crânienne. Depuis, des Canadiens nous ont demandé de collaborer avec le CHU de Montréal dans le domaine de l’oncologie. Quatre à cinq projets sont déjà en cours avec eux. Enfin, en ce qui concerne New Delhi, c’est tout simplement parce que nous y avons fait des greffes, notamment d’armes. Il a fait sensation en Inde, qui veut le produit. Nous voulons donc nous installer là-bas. Hemarina India importera des produits d’Hemarina Morlaix.