A l’heure où l’on parle de plus en plus de désengagement, de démotivation, de difficultés à l’emploi, de recherche de sens, etc., il est temps de réhabiliter certaines vérités pleines de bon sens.
Une entreprise parfaite n’existe pas
Une société parfaite n’existe pas, c’est une illusion qui alimente une certaine littérature qui a besoin d’un modèle ; il n’existe pas simplement parce qu’il est un objet humain par définition et en tant que tel, porte nécessairement les défauts classiques de la condition humaine, à commencer par l’ego et son anthologie déformée. Ce constat, qui s’apparente à l’ouverture d’une porte, pose néanmoins un postulat : il ne faut pas attendre de “l’arrogance” de l’entreprise et trop croire à certaines attitudes, au final on se trompe.
En revanche, l’équilibre humain dans l’organisation est un véritable enjeu : permettre à chacun de se sentir parfaitement à sa place en partageant la vision et la culture de l’entreprise, et s’appuyer sur des managers de culture au sens d’être “habité” par la culture d’entreprise, sont deux grands défis.
Modèle managérial, pierre angulaire de la performance humaine
Un rôle managérial modèle devrait toujours être la priorité absolue des RH, et aujourd’hui il l’est encore plus. C’est la pierre angulaire de la performance humaine de l’entreprise.
Trop souvent la qualité ou la médiocrité des managers est un sujet tabou ; ce sont toujours les autres à blâmer en cas d’accident ou de changement exponentiel. Le sujet de la gestion est critique car il oblige à reconnaître que le modèle de rôle vient toujours du sommet de l’organisation. Cependant, si l’on veut penser l’entreprise comme une communauté de vie, il est important de mettre en place un cadre culturel qui soutiendra le management ; le bien-être collectif est le résultat d’une culture partagée et non de compétences appliquées pour atteindre un objectif quantitatif.
L’art de vivre en entreprise est une exclusivité culturelle et constitue essentiellement le cœur même d’une marque employeur forte. La fonction RH doit se donner les moyens d’accompagner le changement managérial à travers une culture définissant les droits et devoirs collectifs. Un management qui n’est pas culturellement exemplaire est un management contre-productif et dans le contexte social tel que nous le connaissons, il est souvent la source de tous les maux.
Les conseils d’administration devraient être le berceau de modèles; force est de constater qu’il s’agit avant tout d’un lieu où le meilleur peut côtoyer le pire, devant tous les salariés. Quel que soit le secteur d’activité, les équipes sont en effet toujours très attentives aux écarts et aux incohérences et finissent toujours par responsabiliser le top management sur les errances managériales. En ce sens, l’entreprise/collectivité est assez proche d’une forme de démocratie populaire.
Plus que jamais, pour construire les relations humaines de demain, l’entreprise devra entreprendre son double projet économique et humain pour espérer être reconnu comme un employeur de référence.
La fonction RH, plus que jamais une boussole pour avancer dans un monde d’incertitude
Le rôle des ressources humaines va devenir fondamental dans les années à venir pour la gestion des entreprises/employeurs en se renforçant sous trois angles essentiels :
– Définir les critères et « outils » de management culturel au fondement même du lien social que la fonction garantit.
– Structurer la découverte interne/externe de talents managériaux compatibles avec les fondements culturels de l’entreprise. Il faut arrêter de mettre des experts à des postes de direction, s’ils n’ont pas les qualités humaines nécessaires.
– Envisager des primes managériales indexées sur la composition et l’engagement de l’équipe ; loin d’être anecdotique, le changement passe aussi par une prise de conscience économique individuelle.
Les profonds changements de comportement induits par les nouveaux usages, numériques, de la génération Z, impactent durablement l’équilibre des entreprises. La fonction RH, transversale par définition, transcende les clivages et les silos des organisations en pensant l’humanité du quotidien à travers l’élan d’ambition humaine portée par le management. C’est une boussole pour avancer dans un monde d’incertitude ; la culture est son guide, le modèle managérial son flux.
Encore faut-il construire, assumer et exiger l’ambition humaine. Le rôle des RH est de challenger le top management par l’exemple, pour que l’ambition humaine ne soit pas qu’un vœu pieux. C’est un vœu pour un métier en 2023 qui a besoin de renouer avec l’authenticité et la considération.